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Tous les ans, à la même date, elle revient. Et tous les ans, elle efface les vivants âgés de 33 ans. On l’appelle la Peintresse. Elle ne tue pas, elle recouvre. En effet, d’un geste, elle fait disparaître les existences. Dans Clair Obscur Expedition 33, ce postulat étrange devient le cœur d’un monde à la fois poétique et oppressant, suspendu entre beauté et effacement.
Ce projet est signé Sandfall Interactive, un jeune studio fondé à Montpellier composé d’anciens d’UbiSoft. Il livre ici son tout premier jeu, et se permet au passage de donner des leçons à jeux AAA d’éditeurs chevronnés et sur financés. La recette une direction artistique forte, une vision claire, un sens du détail rare et surtout cela se sent une véritable passion de gaming, la French Touch en plus !
Expedition 33 promet une expérience singulière : une aventure linéaire mais dense, rythmée par des dialogues ciselés, des environnements oniriques, et un système de combat au tour par tour à la fois accessible et tendu. Le tout dans une ambiance entre Steam punk, mystique et Belle Epoque en toile de fond.
Résumé du test
Pour
- Un univers visuel unique, élégant et chargé de symboles
- Une écriture sobre, touchante, sans clichés ni bavardage
- Un système de combat exigeant et précis
- Une narration progressive parfaitement maîtrisée
- Une bande-son d’une justesse rare
- Des environnements et un bestiaire cohérents et mémorables
- Une finition exemplaire
Contre
- Une difficulté parfois rude, surtout pour les néophytes du jeu vidéo, même en mode Histoire
- Un rythme posé qui rebutera les amateurs d’action immédiate
- Une courbe d’apprentissage qui demande patience et rigueur
- Quelques bugs de collision, mais c’est bien pour remplir cette colonne
Comment sont testés les jeux vidéo chez NomadeUrbain.fr ?
Chaque jeu est évalué avec une grille de test précise mêlant rigueur technique et plaisir de jeu. Nous analysons la configuration, la direction artistique, les graphismes, les performances (résolution, fluidité), le gameplay, la richesse de l’univers, et la qualité de l’écriture. Les tests sont réalisés sur PC et toutes les consoles next-gen en conditions réalistes, avec un affichage calibré et plusieurs types de son (casque, home cinéma).
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Le scénario de Clair Obscur Expedition 33 : mourir à 33 ans, chercher la lumière dans l’effacement
Paris n’est plus ! Depuis 67 ans, elle a été arrachée à sa place, suspendue dans un ailleurs muet. Chaque année, à la même date, tous ceux qui ont 33 ans sont effacés, sans bruit, sans trace. Un phénomène qu’on appelle le Gommage, lié à une entité qu’on nomme la Peintresse. Et un silence qui ronge, lentement, ceux qui restent.

Clair Obscur: Expedition 33 commence par une perte. Gustave, perd sous ses yeux l’amour de sa vie, victime du Gommage. Il ne crie pas. Il avance. Ce prologue, d’une puissance rare, combine une direction artistique Belle Époque réinterprétée, une musique lancinante et entêtante, et une mise en scène sobre mais viscérale. En quelques minutes, le ton est donné : poétique, cruel, beau et inévitable. Il n’en fallait pas moins pour réussir à nous captiver en début de jeu, oui, avec une simple amourette tragique !

Le style visuel, entre aquarelle animée et art nouveau, imprègne tout. La ville de Paris, réinventée, semble à la fois figée et rongée. Les bâtiments sont familiers mais altérés. Les rues, les objets… tout semble sur le point de disparaître. C’est un monde cohérent, mais déjà à moitié effacé, et cette tension constante entre structure et dissolution crée une atmosphère unique.


Le récit, lui, ne cherche jamais à trop en dire. Tout est livré par touches successives. Ce que le Gommage est, ce que la Peintresse veut, ce qu’il est advenu du reste du monde : chaque élément vient lentement s’imbriquer dans un puzzle narratif sans exposition forcée. Et pourtant, jamais la progression n’est obscure. Elle est claire, car maîtrisée. On avance dans l’histoire comme on traverse un rêve cohérent.

Autour de Gustave, l’expédition regroupe d’autres condamnés. Pas des guerriers, pas des sauveurs. Juste des êtres humains qui veulent en général tenter de faire quelque chose la dernière année de leur vie. Leurs dialogues sont brefs, ciselés. Ainsi, leur attachement se construit par la sobriété, jamais par l’excès. En effet, l’écriture évite les archétypes du JRPG, pour tendre vers une vérité plus européenne, plus retenue, et plus mature.

Le pauvre Gustave se voit entourée de femmes aussi belles et badasse, qu’elles sont intelligentes. Il y’a un réel lien humain qui se crée entre nous et les personnages, et les animations des visages y sont pour beaucoup. Difficile de résister au regard espiègle de sa sœur par exemple.

Mais ce qui impressionne le plus, c’est que la quête de sens devient une quête esthétique. Expedition 33 ne se contente pas de raconter une histoire. En effet, il cherche à faire ressentir quelque chose à chaque instant : par une texture, une lumière filtrée, un plan fixe sur un décor trop calme, une musique discrète qui griffe doucement la mémoire. C’est un RPG narratif, oui. Mais c’est aussi un jeu sur le souvenir, le deuil, et la beauté fragile de la vie et des relations humaines.
La jouabilité de Clair Obscur Expedition 33 : tactique, exigeante, mais profondément gratifiante
Derrière sa douceur visuelle, Clair Obscur Expedition 33 cache un système de combat exigeant, parfois même impitoyable. Ainsi, il est basé sur un tour par tour dynamique, le jeu vous demande de parer ou esquiver la plupart des attaques ennemies en pressant le bon bouton au bon moment. Et ici, le « bon moment » n’est pas large. En effet, le timing est précis, millimétré, et certains ennemis ne vous laissent qu’une fraction de seconde d’anticipation.

Même en mode Histoire, supposé être le plus accessible, la difficulté reste au-dessus de la moyenne des jeux actues. On ne meurt pas à chaque coin de chemins, mais les combats mal abordés, les enchaînements mal compris ou les parades ratées peuvent coûter très cher. Et c’est voulu. Le jeu cherche à impliquer le joueur dans chaque échange. Cela n’est jamais punitif, le système de sauvegarde automatique nous évite de refaire toute une zone en cas de mort. Donc dur oui, mais juste…

En effet, il est tentant, surtout au début, de vouloir parer chaque attaque avec style, pour économiser une action ou contre-attaquer dans la foulée. Mais à force de vouloir briller, on y laisse souvent des barres de vie entières. C’est là que l’humilité entre en jeu. En effet, le jeu récompense l’écoute, pas l’égo. Esquiver reste souvent la meilleure solution — au moins tant qu’on n’a pas parfaitement lu l’ennemi. En effet, la parade, elle, demande une compréhension totale du rythme de l’adversaire. C’est une danse, mais qui vous punit plus qu’un pied écrasé.

À cela s’ajoute une gestion stratégique des points d’action, combinée à des compétences à charge lente et des effets spécifiques selon le personnage. Certains pouvoirs prennent plusieurs tours à se charger, d’autres consomment plus d’énergie mais frappent sur plusieurs ennemis. Il faut donc jongler entre l’urgence du moment et la planification à moyen terme. Frapper vite ou préparer une frappe massive ? Attendre une ouverture ou forcer le tempo ?

Chaque ennemi dispose de ses propres capacités et coups, et c’est là que le jeu devient fascinant : il pousse à l’observation, à la mémorisation, à l’adaptation. Pas besoin d’être un expert en jeux vidéo pour réussir, mais il faut s’engager. Les joueurs néophytes auront sans doute besoin de plus de temps, mais le système est clair et lisible. Et si certains combats paraissent longs, c’est aussi parce qu’ils forcent à ralentir, à respirer, à observer. On ne bourrine pas dans Expedition 33. On avance avec méthode.

Ajoutez à cela des compétences propres à chaque personnage, des synergies bien pensées, et une gestion légère mais efficace de l’équipement, et vous obtenez un système riche mais sans surcharge. Si Clair Obscur: Expedition 33 ne vous tend pas la main : il vous invite à danser dans un rêve.
La technique de Clair Obscur Expedition 33 : une œuvre de cohérence, de style et de finesse
Clair Obscur Expedition 33 impressionne dès ses premières minutes. Dès le prologue, la direction artistique impose une ambiance Belle Époque stylisée, où chaque détail semble pensé pour sublimer l’étrangeté du monde. C’est un Paris rêvé, déplacé, décomposé, entre architecture art nouveau, mobilier du XIXe siècle et matériaux effacés, comme si la mémoire des lieux avait été repeinte à moitié.

L’esthétique mêle aquarelle numérique, teintes sépia, décors floutés par le temps, et motifs végétaux en arabesque, donnant à chaque plan une texture de toile. En plus, les vêtements, les armes, les menus eux-mêmes reprennent cette logique d’un passé esthétisé et fissuré. Le hasard n’a pas sa place ici : même les effets spéciaux en combat respectent ce langage visuel, entre pigments volatils et coups stylisés en lavis.


Le reste des décors est tout aussi onirique. Les jeux de lumière peuvent y prendre plus d’importance, comme ces chemins parsemés de fleurs lumineuses. Marcher dans un océan suspendu est une expérience aussi envoûtante qu’apaisante, malgré un certain vertige au départ. Même des zones recouvertes des cadavres es autres expéditions sont d’une tragique esthétique.

Les animations des personnages sont sobres mais expressives. Les combats brillent par leur lisibilité : chaque mouvement est fluide, avec des effets qui soulignent l’impact sans en faire trop. En plus, l’interface, élégante et intuitive, se fond dans le décor sans parasiter la narration. Les transitions entre exploration, dialogues et affrontements sont visuellement continues, ce qui renforce l’immersion.
Le bestiaire est riche et tout aussi originale. Entre créature transformables, robot géant, trompettiste tueur et moults autres monstres, chacun semble sorti d’un étrange rêve, parfois un cauchemar. Ainsi, difficile de les décrire et il serait dommage de vous gâcher plus le plaisir de la découverte que ne le font déjà les captures d’écran.

Sur le plan technique, le jeu est stable et fluide sur Xbox Series et un bon PC. En effet, aucun ralentissement majeur, des temps de chargement courts, et une expérience fluide, y compris en combat chargé. Ainsi, pas de bug critique recensé, quelques problèmes de collisions et justement assez rare pour qu’ils nous interpellent. Les développeurs nous livrent ici un titre très propre, et bien plus que certains jeux Triple A.

Côté audio, la bande-son est un bijou de retenue. Mélodies en clair-obscur, instrumentation minimaliste, dissonances douces : elle accompagne chaque moment avec justesse. En plus, les thèmes de combat, à la fois tendus et contemplatifs, renforcent la poésie tragique du jeu sans jamais l’écraser. Le sound design, lui, valorise le silence autant que le bruit, avec des ambiances sonores diffuses, quasi musicales. Petit aveux, le testeur va investir dans le vinyle sans attendre…

Ce qui impressionne le plus, c’est la complète unité esthétique du projet. Ainsi, chaque plan, chaque costume, chaque interface raconte la même chose : la beauté du monde qui s’efface. Une quête visuelle cohérente, sensible et audacieuse, servie par une finition remarquable pour un studio aussi jeune. Sans oublier cette réussite de créer un univers bien Français, européens, et de le rendre accessible à tous sans avoir à dénaturer profondément les inspirations.
Conclusion, prix et disponibilité
Clair Obscur Expedition 33 est disponible sur PC, PS5 et Xbox Series au prix de 49,99 euros sur le site de l’éditeur et chez les revendeurs partenaires.
FAQ – Clair Obscur : Expedition 33
➤Quel est le concept narratif principal de Clair Obscur : Expedition 33 ?
➤Comment se distingue l’univers artistique du jeu ?
➤Le système de combat est-il accessible à tous ?
➤Comment se structure la progression dans le jeu ?
➤Le jeu propose-t-il une diversité de personnages ?
➤Comment fonctionne le système d’esquive et de parade ?
➤Y a-t-il une gestion de l’équipement et des compétences ?
➤Comment est géré le game over dans le jeu ?

À propos de Yazid Amer :
Journaliste depuis 1999, Yazid Amer couvre les technologies, la culture, le lifestyle et la mobilité. Il a collaboré avec Le Parisien Week-End, Men’s Health, FHM, Frandroid, Plugged, Le Journal du Geek, Apollo Magazine, Vivre Paris et JVTech. Fondateur de NomadeUrbain.fr, il explore le quotidien connecté avec rigueur et passion.
Contact : Yazid.Amer@nomadeurbain.fr